lundi, février 05, 2007

L’allaitement – grand moment de solitude

J’ai toujours voulu allaiter, mais devant pas mal de témoignages des copines qui ont essayé et abandonné au bout de quelques semaines, j’ai pas voulu me mettre la pression. Je n’ai rien acheté pour l’allaitement durant ma grossesse, ça me déprimerait de voir un soutif d’allaitement si je ne pouvais pas allaiter… Je me suis dit qu’il faut prendre ça cool, que des alternatifs existent… Mais voilà, je ne savais pas que ça serait si difficile pour moi.

Dès la première tétée, je découvre la douleur, je ne savais pas que ça pouvait faire mal comme si on pointait des aiguilles sur le téton ! La monitrice de Lactation est venue voir la position… tout est correct, elle me dit que la douleur s’estompera en 2 semaines. Très vite, j’ai eu des crevasses, les tétons sont très sensibles, j’ai du acheter un soutif d’allaitement en catastrophe le 24 décembre…il est très cher, et chair… donc très moche. La monitrice m’a donné les coquilles à mettre sur les tétons pour qu’ils sèchent à l’air libre et ainsi éviter la macération. Ca aussi, c’est très moche.

A chaque tétée, ça fait très mal, et je n’ai pas de lait… c’est une épreuve à chaque fois. Je peux appliquer des glaçons sur le téton avant d’allaiter pour l’anesthésier…
Ouais, la douleur est telle que je n’ai pas vu la différence !

3ème jour, je me réveille avec les seins tout durs. Impossible d’allaiter ! J’appelle le centre de Lactation : c’est l’engorgement, il faut prendre une douche chaude pour évacuer le lait ou pomper le lait. Si les seins restent engorgés trop longtemps, ils vont devenir tellement durs que le bébé ne pourra pas téter… trop tard, mon bébé n’arrive même pas à prendre le téton après ma douche chaude, et je n’ai pas de pompe !

Je pars au centre de lactation chercher une pompe et pour voir une monitrice car j’ai aussi des bosses sous les bras qui m’empêchent de baisser complètement les bras. J’avais peur que ce soit des ganglions symptôme d’une affection. La monitrice m’a dit que c’était du lait et que ça partirait après l’engorgement. Ouf !

On n’a revu la pose. Tout paraît bien, en plus d’après elle j’ai beaucoup de lait… sauf que ça ne sort pas. Elle a appliqué des compresses chaudes, massé… le lait commence à sortir… le bébé a enfin à manger. Elle m’a mis des sacs de glaçons pour ralentir la montée de lait.

Je dois donc mettre du froid sur le téton avant la tétée pour l’anesthésier mais, du chaud sur le sein pour désengorger et en fin de tétée du froid pour ralentir la montée de lait…tout un rituel.

Heureusement, le lendemain, l’engorgement est terminé : j’ai les seins qui fuient… Achat de soutifs et de coussinets d’allaitement, et comme la monitrice m’a redonné confiance, j’ai même acheté des fringues pour l’allaitement.

2, 3 jours plus tard, la douleur est de plus en plus intense, les crevasses sont rabotées à chaque tétée. Je doute fort qu’il y ait une solution, car on a revu la position, rien à signaler. Bébé est très nerveux, choppe le téton et ne lâche pas prise.

J’ai commencé à pomper un sein et allaiter avec l’autre alternativement pour que chaque sein ne soit pas raboté à chaque tétée. J’essaie aussi de corriger le bébé quand il tète mal, j’enlève le sein et je le remets… à ma grande surprise, mon mari me dit « arrête de jouer avec le bébé pendant son repas, tu vas nous faire un enfant hyperactif ! » Dans la détresse ou la fatigue, j’ai avalé ce qu’il m’a dit, je me dis que c’est de ma faute s’il pleure ou il dort mal la nuit, j’ai donc arrêté de le corriger et laissé le bébé raboter mes tétons…

En moins de 24 h, la douleur est devenue insupportable, ça fait mal même en dehors des tétées ! j’ai du pomper les 2 côtés. J’ai réalisé aussi que je n’aurais pas du écouter mon mari, corriger le bébé, c’était un conseil de la monitrice, ce n’est pas un jeu comme pensait mon mari !. Lui qui ne m’a pas supporté ni aidé dans l’allaitement, il a réussi à me culpabiliser, alors que je voulais offrir le meilleur cadeau qu’une mère puisse offrir à son bébé ! Cela a valu une engueulade. Il s’est excusé, mais le mal est fait. Pomper les 2 seins supprime entièrement le plaisir d’allaitement, j’ai pensé à arrêter…

C’était exactement CA que je voulais éviter : vouloir arrêter après s’être persuadée qu’on pouvait allaiter… on tombe de très haut car on a eu confiance, on s’est fait plaisir en achetant des accessoires… si j’avais voulu arrêter dès le début, ça m’aurait rien fait car j’étais préparée à une éventuel échec.

Après discussion avec mon mari, j’ai décidé d’arrêter. Il m’a tendu le biberon alors que bébé pleurait, j’ai voulu essayer une dernière fois de l’allaiter. Surprise, ça fait moins mal… j’ai donc continué l’allaitement.
Depuis, il y a toujours des hauts et des bas. J’ai pompé le même côté qui fait plus mal, parfois les 2… Rien n’est gagné, j’essaie de tenir le plus longtemps possible. J'ai aussi utilisé une tétine en silicone pour protéger les tétons en attendant que ça cicatrise. Ca marche bien, même si c'est pas fait pour ça.

Après 6 semaines d’allaitement très pénibles, voilà un autre problème, je n’ai plus assez de lait ! Je ne suis pas surprise, avec la douleur, j’ai tendance à retarder les tétées le plus possible, bébé ne tétant pas suffisamment, j’ai moins de lait. Avec la téterelle, ça n’aide pas non plus la lactation ! Je continue à pomper 3 fois par jours, mais le lait maternel est devenu un complément, car il faut à bébé 180 ml par repas ! C’est énorme, j’arrive à tirer péniblement seulement 300 ml par jour. De temps en temps, je lui donne le sein quand il est bien calme. Je profite mieux de mon bébé maintenant car le biberon prend moins de temps, je peux donc jouer avec lui en dehors des repas au lieu de passer des heures d’énervement au sein.

Je continue à penser que l’allaitement est génial tant sur le plan émotionnel que sur la santé du bébé. J’aurais aimé que ça dure… mais j’ai vraiment fait ce que j’ai pu…